GUILLAUME MAZEAU Le bain de l’histoire

Marat a-t-il été assassiné par Charlotte Corday, ou par les historiens eux-mêmes ? L’événement, pris dans les tourbillons de la mémoire depuis le 13 juillet 1793 et longtemps rejeté par les historiens universitaires, ne fut très vite ressenti qu’à travers la figure de Corday et a fini par s’échouer sur les rives incertaines du patrimoine antirépublicain. Ce sont les pilleurs qui semblent aujourd’hui avoir gagné la bataille du passé, bradant les restes aux mieux-disants : Marat est mort une seconde fois, noyé sous le charisme encore exercé par Corday, transformée en énième figure de la société compassionnelle. Prendre parti au sein des… (lire la suite)
ARNAUD GUINIER L’honneur du soldat

Au lendemain de la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), la France s’engage dans une réforme de son appareil militaire que les défaites de la guerre de Sept ans viennent accélérer et qui se poursuit jusqu’à la Révolution. Dominées par la volonté d’améliorer l’efficacité de l’armée française, ces transformations aboutissent à une emprise sans précédent sur les corps des soldats, plus que jamais réduits au rang d’automates. Cette évolution favorise par contrecoup une réflexion nouvelle, menée en particulier par les officiers français, afin de substituer à la seule contrainte mécanique le principe d’une discipline consentie… (lire la suite)
JULIE GRANDHAYE Russie : la République interdite

À travers une relecture des projets constitutionnels des décembristes, ces jeunes aristocrates militaires russes qui fomentèrent un coup d’Etat le 14 décembre 1825 pour obtenir une constitution du futur Tsar Nicolas 1er, Julie Grandhaye entreprend de rendre compte de la densité de la pensée politique qui émerge en Russie entre 1770 et 1830, et de l’émergence de la république autocratique.
Plusieurs approches se croisent dans ce travail brillant – histoire, science politique et anthropologie politique – pour saisir pleinement ce moment fondamental où la Russie entre en modernité politique. L’enjeu est d’importance : en mettant … (lire la suite)
FABRICE ERRE Le règne de la poire

Composante singulière du débat démocratique depuis deux siècles, la satire politique fait régulièrement l’objet de vives controverses. La caricature en poire de Louis-Philippe constitue un élément fondateur de cette tradition française, saluée en son temps par Victor Hugo ou Stendhal, et figure à ce titre au cœur de nombreuses études et expositions au début de notre XXIe siècle. Son succès exceptionnel invite à la considérer non comme un détail mais comme un objet historique. En antithèse du soleil louis-quatorzien, cette « Poire de processive mémoire » (Baudelaire) incarne une certaine idée de la civilisation bourgeoise, dont … (lire la suite)