Champ Vallon

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Emmanuel (dir.) | FUREIX

1848 signe bien sûr le « printemps des peuples », soit une révolution très largement européenne, nationalitaire et démocratique. Et s’il manquait, dans ce récit dominant, certaines pièces du puzzle? Les révolutions de 1848 sont aussi inscrites dans une histoire plus large, atlantique et impériale sinon mondiale, que cet ouvrage se propose d’exhumer. Il restitue la pluralité des « mondes de 1848 », au plus près des expériences vécues. Il fait ainsi se côtoyer au fil des pages des révolutionnaires traversant l’atlantique, des exilés et utopistes en quête de nouvelles « colonies agricoles », des féministes réunies à Seneca Falls (Etats-Unis), et des esclaves aspirant à l’émancipation après la deuxième abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Il montre les multiples réverbérations de 1848 dans des espaces lointains.

 

Emmanuel Fureix est professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Est Créteil. Ses recherches portent sur l’histoire sociale, culturelle et politique de la France au XIXe siècle. Il a notamment publié La France des larmes. Deuils politiques à l’âge romantique (Champ Vallon, 2009, Prix Chateaubriand).

Quentin Deluermoz est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Paris. Il a notamment publié :Commune(s), 1870-1871. Une traversée des mondes au XIXe siècle (Paris, Seuil, 2020). 

Clément Thibaud est directeur d’études à l’EHESS et directeur du laboratoire américanistes Mondes Américains (CNRS-EHESS-Paris-Nanterre-Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Il a publié Libérer le nouveau monde. La création des premières républiques du monde hispanique (Les Perséides, 2017) et L’Esclavage (Les Arènes, 2019, avec A. de Almeida Mendes).

Deluermoz et al couv

Les gestes iconoclastes sont présents au cours de la plupart des processus révolutionnaires : statues déboulonnées, portraits brûlés, emblèmes effacés, souvent en public. Ces destructions ou profanations visent l’effacement d’une mémoire, la « régénération » culturelle, le simple défoulement de haine dans un contexte de surenchère émotionnelle, l’expression d’une opinion dans l’espace public (forme extrême du graffiti), ou encore une appropriation de souveraineté.

Cet ouvrage pluridisciplinaire (historiens, historiens de l’art, anthropologues) étudie l’iconoclasme de la France en Révolution au Printemps des Peuples, de la Commune à la Révolution bolchevique, de la Révolution hongroise à la Révolution culturelle chinoise, de la chute du Mur de Berlin à la « révolution » talibane en Afghanistan.

Lire le sommaire

INTRODUCTION
Emmanuel Fureix

PRÉAMBULE
La mort des statues.
Imaginaires archaïques et usages politiques de l’iconoclasme
Bertrand Tillier
PREMIÈRE PARTIE
Iconoclasme et régénération sous la Révolution française

Introduction
Pierre Serna

L’iconoclasme et le temps en Révolution
Lynn Hunt

Hercule sans-culotte. Une figure de l’iconoclasme révolutionnaire
en France (XVIIe-XIXe siècles)
Yann Lignereux

Iconoclasme et violence : la transformation des signes
dans le Paris révolutionnaire, 1789-1794
Richard Clay

Révolution et construction de l’espace public.
L’iconoclasme à Paris en 1790
Guillaume Mazeau

Destruction, conservation et création sous la Révolution française :
une question de style
Philippe Bordes

L’iconoclasme révolutionnaire au village :
exemples du sud de l’Île-de-France
Serge Bianchi
DEUXIÈME PARTIE
Iconoclasme, révolutions et dé-révolutions du XIXe siècle

Introduction
Emmanuel Fureix

Sacrer la République : enjeux de l’iconoclasme révolutionnaire
en Colombie bolivarienne au début du xixe siècle
Clément Thibaud

Le trône brulé : un imaginaire iconoclaste
dans la Révolution de février 1848
Rolf Reichardt

Quarante-huit au miroir de Trente : Révolution du signe
et révolution de papier dans une société d’obéissance
Laurent Le Gall

Faut-il détruire une statue pour rétablir l’ordre ? Lyon, 1848-1849
Vincent Robert

Entre délit politique, sacrilège et droit commun :
l’iconoclasme révolutionnaire en procès (Rome, 1849-1850)
Catherine Brice

Évincer Dieu de l’espace public : l’iconoclasme religieux
pendant la Commune de Paris
Quentin Deluermoz

L’iconoclasme singulier de la Commune de 1871 :
combattant et monumental
Éric Fournier
TROISIÈME PARTIE
Iconoclasmes et instrumentalisations :
le palimpseste des révolutions (XXe-XXIe siècles)

Introduction
Johann Chapoutot

Détruire les croyances en dévoilant des reliques :
un épisode de l’iconoclasme bolchevique après 1917
François-Xavier Nérard

L’iconoclasme dans la révolution hongroise de 1956
Paul Gradvohl

Iconoclasme et instrumentalisation :
la révolution culturelle chinoise
Lucien Bianco

Au-delà de la chute : Le Mur de Berlin cassé et concassé
Thomas Serrier

Iconoclasme et syncrétisme en Russie post-soviétique
Irène Herrmann

Autour de l’iconoclasme taliban.
Politiques de l’image et du patrimoine en Afghanistan
Pierre Centlivres

Les réformateurs musulmans contre la mauvaise image :
de la société à l’État et retour
Omar Saghi
CONCLUSION
Annie Duprat et Emmanuel Fureix

Assiste-t-on, autour de 1830, à la première révolution européenne ? De la France à la Belgique, de la Pologne à l’Italie centrale, des États allemands à la Suisse, une bonne partie de l’Europe connaît une impressionnante série de mouvements insurrectionnels et révolutionnaires, inégalement achevés. Rarement pensés ensemble, ces mouvements font ici l’objet d’une approche inédite.
Ce livre collectif propose de confronter des historiographies nationales jusque-là cloisonnées (française, belge, polonaise, italienne, allemande, suisse, britannique, espagnole). À l’heure de l’histoire globale, il s’efforce de penser des circulations révolutionnaires, d’exhumer des mobilisations transnationales, sans négliger les échecs et les tensions sociopolitiques à l’œuvre. Rompant alors avec la linéarité d’une histoire qui glisserait insensiblement d’une révolution à l’autre (1789-1830-1848), il permet d’interroger les sens perdus de ce « moment 1830 ». Les circulations humaines, symboliques et politiques décrites ici ont créé les conditions de possibilité d’un nouvel imaginaire de l’Europe des peuples. Ce nouvel imaginaire s’est pourtant heurté à une glaciation rapide du processus révolutionnaire.
Autant de questions d’une stimulante actualité à l’heure des révolutions arabes.

Textes de S. Aprile, A. Arisi-Rota, A. Baranska, F. Bensimon, W. Bruyère-Ostells, j.-C. Caron, D. Diaz, E. Fureix, N. Jakobowicz, J.-P. Luis, I. Herrmann, M. Meriggi, J. Schmidt-Funke, E. Witte…

Lire des extraits de presse

LE MONDE (21 juin 2013)

1830 de tous les pays

Ce livre novateur met en évidence le caractère transnational, en l’occurrence européen, des révolutions de 1830. Comme dans le cas des Révolutions atlantiques de la fin du XVIIIe siè­cle et du Printemps des peuples de 1848, des idées, des répertoires d’action et des personnes, ont circulé autour des embrasements de 1830, entre autres en France, dans les Etats italiens et allemands non encore unifiés, en Suisse, dans la Belgique naissante ou encore la Pologne. Le plus intéressant est de constater que les contemporains ont eu constamment à l’esprit «la conscience d’une possible révolution euro­péenne » dans un continent soumis au pesant système issu du congrès de Vienne (1814-1815). Dans de courts chapitres, les auteurs s’interro­gent sur la place de 1830 dans les mémoires et les historiographies nationales et mettent en évidence les débuts d’un « espace public trans­national». Révolutions de la jeunesse, révolu­tions populaires et révolutions de la liberté, les insurrections de 1830 restent d’ac­tualité aussi bien dans des pays arabes qui ont connu un prin­temps bientôt gelé que dans une Europe quelque peu déprimée.

Pierre Karila-Cohen

NATIONAL GEOGRAPHIC HISTOIRE (novembre 2013)

1830 de tous les pays

Il y a plus de deux siècles, les révolutions n’étaient pas « arabes », mais « européennes ». Dirigé par trois spécialistes reconnus, ce livre pose un nouveau regard sur celles qui secouèrent de nombreux pays autour de 1830. Les connaît-on bien, ces révolutions ? Trop rarement lues ensemble, trop souvent pensées comme de simples transitions entre les « révolutions atlantiques » de la fin du XVIIIe siècle et le « printemps des peuples » de 1848, les révolutions de 1830 furent pourtant un moment clef de l’histoire dans lequel il est peut-être possible de voir la « première révolution authentiquement européenne » (Emmanuel Fureix). Exposée de manière nuancée, cette hypothèse est examinée au fil de la vingtaine d’articles qui rythment la lecture, déclinant des questions simples et essentielles : quels débats ces révolutions ont-elles provoqués ? Quels legs ont-elles laissés à l’histoire politique européenne ? Vécues dans un même moment sans être imposées par les armes, ces expériences révolutionnaires furent-elles pour autant les mêmes dans chaque pays ? Durement réprimées et souvent mises en échec, ces mobilisations n’en forgèrent pas moins un nouvel imaginaire politique fondé sur l’idée de liberté, mais aussi sur celle de fraternité des peuples d’Europe. « Nous voulons faire une révolution pour nous », faisait-on dire en 1831 aux ouvriers lyonnais : édité par l’exigeante maison Champ Vallon, ce livre permet de réévaluer l’importance de ce moment de conflictualité politique et sociale que furent les révolutions de 1830 dans l’émergence d’une conscience européenne, au début d’un siècle qui n’était pas nécessairement destiné à devenir celui des affrontements nationalistes.

Guillaume Mazeau