Champ Vallon

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Parutions à venir

Octobre 2024

Bayard, d’Artagnan, le chevalier d’Éon ; ces figures de bretteurs racontent des histoires différentes, mais néanmoins reliées entre elles par le fil d’une lame. Le chevalier, le duelliste et l’escrimeur sont autant d’archétypes qui révèlent qu’à l’époque moderne l’épée est une culture que ce livre entreprend d’explorer dans tous ses aspects : du geste de l’escrimeur aux valeurs qui lui sont associées. C’est en effet à partir de la Renaissance que les techniques de l’escrime deviennent un art guidé par des principes savants et moraux. L’analyse des valeurs impliquées dans cet art permet aussi de suivre l’évolution des idéaux de la noblesse qui fait de l’épée le vecteur de son identité.
Il ne faudrait, toutefois, pas oublier que l’art de vivre l’épée à la main reste, de part en part, un art de tuer. À une époque où le port d’une arme blanche est une pratique courante, l’escrime civile et civilisée ne saurait occulter les cadavres abandonnés par les innombrables duellistes. C’est pourquoi l’histoire de l’épée est aussi une histoire de la violence et de l’inaltérable fascination qu’elle exerce. Pour le découvrir, il faut alors plonger dans les archives d’une justice souvent prompte à occulter ce crime qui trouble l’image d’un roi absolument maître de ses sujets. Une autre vision du rapport entre violence et civilisation se dessine de cette façon.

Pascal Brioist est professeur à l’Université de Tours.
Hervé Drévillon et Pierre Serna sont professeurs d’histoire à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne.

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Novembre 2024

Si les philosophes pensent, enseignent, écrivent, il leur faut aussi vivre, comme tout un chacun, quand bien même leurs vies, souvent, ne sont pas tout à fait ordinaires.
Des douze philosophes ici évoqués*, on ne se propose donc pas tant d’exposer les pensées ou les doctrines (sinon par la bande) que de raconter comment ils ont vécu – agi et subi les tourments de l’existence autant que ceux de l’Histoire (celle avec sa grande hache).

* Salomon Maïmon (1753-1800) ; G.W.F. Hegel (1770-1831); Giacomo Leopardi (1798-1837); Karl Marx (1818-1883); Gustave Chpet (1879-1937); Georg Lukács (1885-1971) ; Bernardo Soares (1888 ?-1934 ?) ; Martin Heidegger (1889-1976); Walter Benjamin (1892-1940) ; Alexandre Kojève (1902-1968); Hannah Arendt (1906-1975) ; Tran Duc Thao (1917-1993).

Jean-Claude Pinson vit non loin de Nantes, où il a longtemps enseigné la philosophie de l’art à l’Université. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages, livres de poésie, récits et essais. Pastoral: de la poésie comme écologie est le dernier paru chez Champ Vallon (2020

10 janvier 2025

Karl Marx n’est pas mort le 14 mars 1883. Il a quitté Londres pour partager la vie des Iroquois sénécas. Il avait découvert leur démocratie exemplaire par la lecture de travaux ethnologiques, qui lui avaient donné l’envie de faire enfin l’expérience d’une autre vie. Ce désir longtemps mûri et cette fuite restée secrète grâce à la complicité de ses proches vont le transformer physiquement, affectivement, intellectuellement. Se faisant passer pour un ethnologue, il est adopté par un groupe sénéca, il se remarie avec une indienne, change de vie. Devenu chef guerrier, il n’hésite sur aucun moyen pour servir la résistance du peuple Sénéca. Ce nouveau Marx reste lié à son ami Engels et à sa fille Eleanor. Les retrouvailles tournent à la confrontation des mondes, au bord des chutes du Niagara, lieu plus tard d’une mort philosophique.
C’est un homme de notre temps qui s’adresse à nous. Un Marx inattendu, et qu’on attendait.

Christian Laval est sociologue et historien des idées politiques. Il a notamment écrit, avec Pierre Dardot, un livre de référence Marx, prénom : Karl (Gallimard, 2012). Marx en Amérique est son premier roman.

10 janvier 2025

Le cri du Lézard se veut la suite de Sortir (Champ Vallon, 2017). Une brève méditation sur le sort du lézard voué, en raison du changement climatique, à disparaître dans un cri silencieux, ouvre le livre. Quand il crie, ouvrant large la gueule, le lézard ne fait retentir aucun son (seul animal dans cette situation), quelles que soient les souffrances qu’il endure. En cela il constitue une métaphore de la voix de poésie qui, quand bien même sonore, est devenu inaudible dans notre société et semble en voie de disparition. Pourtant, malgré ce constat initial, d’un monde défait, marqué par la destruction et la mort, une terre à venir est possible: une « re-naissance » ouverte au monde.

Benoît Conort a reçu en 1988 le Prix Fénéon et le Prix Francis Jammes pour Pour une île à venir (Gallimard), en 1992 le Prix Tristan-Tzara pour Au-delà des cercles (Gallimard), et en 1999 le Prix Mallarmé pour Main de nuit (Champ Vallon).

7 février 2025

« Non, je ne sentais pas exactement de tendresse pour elle. Plutôt une grande curiosité et le désir de m’affronter à elle, de jouer un jeu dangereux. Je sentais qu’elle pouvait faire de moi quelqu’un d’autre, de nouveau, dont je ne soupçonnais même pas les caractéristiques. Elle était capable de me retourner comme un gant, moi pas. Elle, elle ne changerait pas, elle était immuable. C’est agréable d’avoir une mère immuable. C’est comme l’arbre d’un jardin ».

« Peu importe qu’il y ait, dans les événements qui jalonnent l’attente, de l’aberrant, de l’inexplicable : tout nourrit le monologue où se succèdent arguments, interpellations désinvoltes, interrogations, traits d’ironie. La narratrice s’abandonne à son imagination et pour persuader, use de tous les tons. C’est un époustouflant exercice de style ». (Le Monde, 15/5/1998)

La première édition d’Au secours date de 1998. Auteur d’une quinzaine de romans, dont Les gouvernantes, Petite table, sois mise ! ou Voyage avec Vila-Matas, Anne Serre est aujourd’hui traduite aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Espagne ou en Italie. L’un de ses livres a figuré dans la dernière sélection du Best Translated Books Awards 2019. Son recueil Au cœur d’un été tout en or a été couronné par le prix Goncourt de la nouvelle en 2020.

21 février 2025

Le 23 janvier 1721, à Aix-en-Provence, Marguerite Nouvelle qui est âgée de vingt ans et qui habite près de la porte Saint-Jean, se réveille. Après avoir vaqué à ses occupations toute la matinée, elle se met à table vers midi. Alors qu’elle entame son repas, elle est frappée d’un malaise et commence à ressentir les premières manifestations d’un mal qui lui provoque une alternance de frissons intenses, de spasmes et de fièvres brûlantes. Puis, prise de nausées, sa tête est assaillie par des douleurs aiguës. Quelques heures plus tard, sa peau se couvre de charbons et de bubons qui lui indiquent qu’elle est atteinte de la peste. Elle n’y survit pas plus de quatre jours. Son cas n’est pas isolé et nombreux sont ceux qui succomberont comme elle. Ils furent 140 000 à avoir connu une expérience identique en Provence entre l’été 1720 et la fin de l’année 1722. Qu’ont-ils vécu entre l’apparition de leurs premiers symptômes et leur mort ? Quels ont été les derniers instants des acteurs de cette tragédie terrible ? Dans quel monde infernal ont-ils été plongés en attente de leurs trépas ? Quels combats ont-ils mené pour résister à leur sort ? Ce sont à ces questions que Frédéric Jacquin tente de répondre. En s’appuyant sur un matériau archivistique exceptionnel, il exhume les fragments de vies d’hommes et de femmes anonymes du dernier épisode pesteux qui frappa le royaume de France. Il essaie de reconstituer leur parcours d’épouvante dans des cités frappées par la contagion et de comprendre dans le cours atroce de la mort épidémique, en quoi celle-ci constituait une expérience singulière et dramatique.

Frédéric Jacquin est docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne. Ses travaux portent sur l’histoire des pestes sous l’Ancien-Régime. Il est notamment l’auteur de Marseille malade de la peste 1720-1722 (Presses Universitaires de France, 2023). Il mène actuellement des recherches sur les grandes pestes lyonnaises des XVIe et XVIIe siècles.