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MICHEL CASSAN La grande peur de 1610

Les Français et l'assassinat d'Henri IV

Le 14 mai 1610, au centre de la capitale, Henri IV est frappé en plein cœur de deux coups de couteau assénés par François Ravaillac. Ce régicide a suscité maintes spéculations et thèses sur l’identité des commanditaires du meurtre et sur les mobiles de Ravaillac. Mais, aucune étude n’avait encore envisagé l’événement et ses suites immédiates à l’échelle du pays.
L’ouvrage étudie donc la circulation de la nouvelle, sa transformation en information officielle et sa manipulation, particulièrement en province, sa réception par la population ainsi que le basculement général et concomitant du royaume pendant quatre à cinq semaines dans une indicible peur.
De nombreuses cartes de la circulation de la nouvelle dans le royaume, le récit inédit en français d’un témoin de l’évènement, des lettres royales et des délibérations municipales éclairent le retentissement considérable d’un assassinat devenu à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle un thème de la peinture romantique.

Michel Cassan est professeur d’histoire moderne à l’Université de Limoges. Il travaille sur les faits sociaux et culturels, tels que les comportements et les engagements des Français de la première modernité. Il a publié plusieurs ouvrages dont deux manuels consacrés à l’Europe et à la France du XVIe siècle (Armand Colin) ainsi qu’une synthèse sur Les Sociétés anglaise, espagnole, française au XVIIe siècle (Sedes).

En mai 2010 a été commémoré l’anniversaire des 400 ans du régicide d’Henri IV.

Revue de presse

Le Figaro du jeudi 27 février 2010

Au royaume de la peur
Michel Cassan s’interroge sur l’inquiétude qui s’est emparée des Français après l’assassinat d’Henri IV.
Quatre cents ans après l’assassinat d’Henri IV, les publications se multiplient pour évoquer l’événement et la personnalité de ce roi qui a sorti la France de la guerre civile. Dans ce lot inégal, il faut mentionner une étude originale qui revient sur les conséquences méconnues de l’assassinat du roi.
L’historien Michel Cassan s’interroge, à la suite d’une enquête considérable dans les archives, sur la peur qui s’est emparée des Français à l’annonce de la mort du Béarnais. Y a-t-il eu en 1610 une grande peur semblable à celle qui traversa la France en juillet 1789? Le titre est un peu trompeur. La grande peur de 1610 n’a rien de commun avec celle de l’été révolutionnaire. A l’annonce de la mort du roi, les Français sont légitimement inquiets des suites politiques d’un tel assassinat. La paix civile est encore fragile. Des protestants et des ligueurs radicaux peuvent encore être désireux d’en découdre. A la moindre étincelle, le pays peut de nouveau basculer dans la guerre de religion.
Cette grande peur, dont ce livre retrace avec minutie les évolutions, témoigne par contraste de l’attachement des Français au processus de pacification mené sous l’égide de la monarchie. Elle confirme au fond l’attachement des sujets du roi à un pouvoir fort, seul capable de mettre un terme à la folie des grands. C’est une pierre de plus dans l’étonnant tournant absolutiste du peuple français. L’échec de la Fronde ne fera que le confirmer. Contrairement aux Anglais, les Français font volontairement le choix du pouvoir qui se révèle seul capable de mettre un terme à l’anarchie religieuse.
Diffusion de la rumeur

Au-delà d’une enrichissante enquête sur les circuits de diffusion de la rumeur, agrémentée de cartes (du reste assez obscures), sur le modèle du travail que Georges Lefebvre avait consacré à la Grande Peur (la vraie, celle de 1789), cette étude se veut aussi une réflexion sur ce que signifie aujourd’hui l’événement en histoire. Entre le fait insignifiant et la longue durée braudélienne, il y a place pour ce que Jean-Guy Sarkis appelait le grand événement, celui qui bouscule et perturbe l’ordre établi. L’assassinat d’un roi relève de cette défini tion. La peur qu’il suscite souligne qu’à ce moment précis, l’histoire du pays aurait pu prendre une autre tournure.
Au fond, cette analyse met un terme à la polémique un peu stérile entre partisans et adversaires de l’histoire événementielle qui avait été mal posée par l’école des Annales lorsqu’elle était au sommet de sa puissance. Sa relative éclipse l’a heureusement conduite à un meilleur jugement.
Jacques de SAINT-VICTOR

Le Point du 1er avril 2010

Henri IV, la mort en direct

Quelle scène! Décrite par un homme qui se trouvait à quelques mètres et dont l’historien Michel Cassan reproduit le témoignage inédit, elle reste l’une des plus saisissantes de l’histoire de France. Imaginez l’étroite rue de la Ferronnerie, le carrosse royal qui s’engage, puis s’arrête, bloqué par un attelage. Un homme surgit, grimpe sur la roue arrière et se jette sur le souverain. Deux coups de couteau! Le sang jaillit. En pleine rue, sans le moindre viatique, le roi de France s’éteint. Imaginez les cris, le carrosse emportant le roi mort à bride abattue sur les rues pavées: vite,il faut devancer la rumeur qui se répand aussitôt, il faut faire croire qu’Henri IV s’est éteint en monarque, dans son palais. L’annonce de l’assassinat est retenue deux heures par le pouvoir. En ces temps où l’on ne circule qu’à cheval, elle mettra dix jours à atteindre l’ensemble du territoire. Comment est-elle prise par des Français qui vivent là leur deuxième régicide en vingt ans? Comment laviolence de cette scène est-elle supportée, alors que la paix est encore si fragile? Des troubles politiques aux décès psychosomatiques en passant par la peur qui suinte des livres de raison, Michel Cassan, en érudit, raconte l’ampleur du traumatisme. Et, pour la première fois, l’une des scènes les plus incroyables de la royauté vue par le peuple de France

Violaine DE MONTCLOS

Grande peur de 1610 (La) (Michel Cassan – 2010)