Après l’armistice du 22 juin 1940, le découpage de la France ne se limita pas à deux zones, une occupée et une dite libre: le nord de la France fut rattaché au commandement militaire allemand de Bruxelles; de la Somme à la frontière suisse, une « zone réservée » au peuplement allemand fut créée; et les bandes littorales de la Manche et de l’Atlantique furent construites d’ouvrages fortifiés pour prévenir un possible débarquement allié. Ces « zones interdites » n’avaient jamais donné lieu à une étude comparée, le présent livre entend combler ce manque historiographique en proposant des contributions inédites sur la spécificité « zones interdites » en France occupée. En s’appuyant sur des archives à la fois allemandes et françaises, l’ouvrage aborde tour à tour les projections mais aussi les hésitations de l’Occupant sur ces espaces, l’exploitation économique poussée qui y fut tentée au bénéfice du Reich, mais aussi la manière dont les Français furent affectés dans leur quotidien par le tracé de ces lignes interdites et les peurs que celles-ci suscitèrent pour l’avenir de ces régions.
Professeure d’histoire contemporaine à l’Université Marie & Louis Pasteur à Besançon, chercheuse au Centre Lucien Febvre (UR 2273), spécialiste de l’histoire de l’Allemagne au XXe siècle, Marie-Bénédicte Vinvent travaille en particulier sur l’histoire du nazisme et de la dénazification après 1945 en Allemagne. Elle a récemment publié : Kaltenbrunner, le successeur de Heydrich, Paris, Perrin, 2022.