Karine | ABIVEN

Peut-on connaitre les mots qui circulaient dans les rues de Paris pendant les révoltes anciennes ? Les chansons nous offrent une chance d’approcher ces discours qu’on diffusait sur des airs connus, à destination d’un public ciblé ou élargi. Ainsi, pendant la Fronde (1648-1653), des milliers de couplets ont circulé dans les rues de Paris, à l’écrit ou à l’oral, avant d’être collectés jusqu’au XVIIIe siècle. Les chefs des factions en lutte s’en servaient pour diffuser efficacement des éléments de langage sur les rapports de force du moment. Mais d’autres chansons d’actualité, mises en circulation par les petits métiers de Paris, peuvent aussi donner accès aux mots des subalternes. Accompagnée de 45 extraits sonores, cette étude sur les « mazarinades » chantées donne à entendre un nouveau discours sur la guerre civile en France au milieu du XVIIe siècle.

 

Karine Abiven est professeure  à l’Université de Rouen Normandie. Elle a travaillé sur les cultures narratives anciennes et contemporaines, en examinant les usages des récits véridiques (dans L’Anecdote ou la fabrique du petit fait vrai, Classiques Garnier, 2015) ou en questionnant les impensés de certaines formes de récit de soi (avec Laélia Véron, dans Trahir et VengerParadoxes des récits de transfuges de classe, La Découverte, 2024).  Des QR codes renvoient vers des extraits sonores de chansons.