JEAN-BAPTISTE GOUREAU Rappels

Sous le fracas des applaudissements, les comédiens s’inclinent à la perpendiculaire, remplis d’alarmes: « Ces gens ont-ils vu ce que j’ai essayé de montrer? Est-ce qu’ils s’en souviendront une fois rentrés chez eux? et plus tard, dans un an? dans trente ans? Après ma mort? »
Quant aux metteurs en scène que l’on tire des coulisses lors des premières, ils saluent avec défiance: « Me suis-je fait comprendre? Saurai-je un jour jusqu’à quel point j’existe pour le public? Qu’est-ce qui peut bien lui passer par la tête? »
Le battement des mains empêche de scruter l’expression… (lire la suite)
JEAN-LOUIS GIOVANNONI Voyages à Saint-Maur

Voyages à Saint-Maur est une sorte de voyage intérieur projeté sur des paysages encerclés par la Marne et dont l’écriture révèle la fragile lisière avec la réalité.
C’est un récit de paysages, de brefs instants de bonheur, de souvenirs d’enfance dont quasiment tous les témoins ont disparu. Ces « Voyages » vers un lieu unique, le 23 rue Jean-Jaurès à Saint-Maur-des-Fossés, domicile d’une mère dont on ne sait pas si elle est morte ou si elle vit, invitent à circuler dans les rues d’un quartier pavillonnaire quasiment hors-temps; sur les bords de Marne près de la Passerelle de la pie parmi les pêcheurs et les barques échouées ; dans le bas-Créteil,… (lire la suite)
GUY GOFFETTE Éloge pour une cuisine de province

«La nudité de l’émotion ensemble et de la parole, c’est bien à cela, aujourd’hui, avec quelques nouveaux poètes, que tend Goffette.Ce que je voudrais, à ce sujet, tenter de dire, c’est que, dans cette élection du vocabulaire le plus juste à la fois et le plus familier, le plus humblement fidèle à “ce qui seul compte parmi tout ce qui est”, (…) il me semble voir une chance pour la poésie même, comme si, par tant de périls menacée, et l’assaut des grands rhétoriqueurs n’est pas l’un des moindres, il lui fallut, à elle aussi, chercher en ce temps des raisons de vivre, ou de survivre…» (Jacques Borel)
Nouvelle édition: 2015, ISBN 979.10.267.0062.3
CHRISTIAN GARCIN Fées, diables et salamandres

Lorsque, après vous être jeté du quatorzième étage d’un immeuble et avoir vu votre chute interrompue entre le premier et le rez-de-chaussée, vous vous entendez dire par un type suspendu dans le vide à côté de vous qu’il y a eu comme une erreur, et que vous n’êtes sans doute pas le bon vous-même ; lorsque dans un train vous vous trouvez face à quelqu’un qui se met à vous ressembler étrangement et se révèle être votre démon personnel ; lorsque, une fois mort et enterré, vous entendez les conversations infinies des autres nouveaux morts et savez que votre double juvénile et assassin vous a remplacé au-dessus, à l’air… (lire la suite)