CHRISTIAN GARCIN Sortilège

» Un jour une enseigne lumineuse s’était transformée en flamme et lui en papillon. C’était un bar perdu ua bord d’une route que venait manger le sable. Il n’avait pas vu de route depuis deux mois, n’était plus entré dans un lieu fréquenté par d’autres depuis quatre. Il ne savait pas ce qui à présent le dirigeait vers cette enseigne déglinguée que le vent malmenait. Ce genre de questions, il ne se les posait plus. Il avançait. Cherchait un refuge. Pas un bar paumé, mais un lieu à sa mesure. Un trou quelconque, une grotte, un nid rocheux. Sans doute le bar serait la dernière étape: il devait le savoir. « … (lire la suite)
CHRISTIAN GARCIN Rien

» Le lendemain on a trouvé son corps au bas de la falaise. C’est un chien qui s’en est approché le premier, l’homme suivait, essoufflé, en survêtement bleu. C’était un peu avant l’aube. À cette heure tout est désert, le ciel est vide et gris, et la mer au-dessous est une gueule de froid, un formidable aimant qui rugit et appelle. Il y a aussi des musiques suspendues derrière cet appel, qui renvoient à chacun les sons qu’il veut entendre. Et tandis qu’elle tournoie dans l’air glacé c’est comme du Bach qu’elle entend. « … (lire la suite)
THIERRY FOURNEAU La vie aux Sources

La Vie aux Sources est un roman d’initiation. Sept chapitres, ou récits, évoquent successivement et séparément l’un, ou quelques-uns, des personnages qui ont marqué l’enfance, puis l’adolescence du narrateur. La Vie aux Sources, qui est peut-être un roman d’amour, n’est donc pas l’histoire d’un seul amour. L’amour, que le narrateur prétend parfois connaître et dans lequel il imagine réussir. Mais il se dédit aussitôt: s’il aime, ce n’est pas ceux qu’il croit aimer, ni comme il croit le faire; car s’il aime l’amour, il n’aime pas le malheur, son complice. La duplicité des paroles, la cruauté du désir vouent tout amour à l’échec. La répétition… (lire la suite)
JEAN-PASCAL DUBOST Le défait

Le défait, celui qui est fatigué, celui qui est en désordre, celui qui est mis en déroute.
Un homme dépressif, et peut-être même désespéré, revient dans la ferme inhabitée de ses grands-parents, un lieu directement lié à des temps heureux de son enfance, quelque part dans l’Ain. Il vient y attendre « celle qui vient à pas légers », la mort, du moins que quelque chose se passe qui le tire de son état. Il vient fouiller dans son passé. Cet homme est-il un écrivain ? Le « je » de l’écriture et le « il » des souvenirs sont-ils la même personne ?
C’est le récit du désordre intérieur d’un homme qui ne sait plus dans quel temps il vit, celui de l’enfance, celui de … (lire la suite)