ROBERT MARTEAU Louange

« Que la louange donne au présent journal son nom vient peut-être de ce que les jours ici pliés dans l’espace du sonnet, et serrés comme linge dans le cabinet, souhaitent ne se souvenir que de la trace laissée par son parfum volatil. » Suite de Liturgie, journal poétique s’égrenant sous la forme d’une série de sonnets qui couvrait les années 1987 à 1989, Louange est l’almanach des menus événements de chaque journée des années 1990 à 1993. La voix du poète s’y mêle au chant des oiseaux pour nommer et montrer « ce qui, sans lui, resterait invisible et muet. Il invente la parole de ce monde et la met en forme.Sa tâche est… (lire la suite)
ROBERT MARTEAU Liturgie

Liturgie, c’est ce que chacun peut entendre et voir chaque jour à chaque heure, en chaque instant aussi soudain soit-il. C’est l’œuvre à tous offerte en l’intimité des événements infiniment produits depuis le commencement et depuis l’origine, et qui donnent au temps ce que l’on nomme sa couleur, à l’éternité sa musique, au livre sa mutité. Si les oiseaux jouent ici un grand rôle, c’est parce qu’ils chantent, et que par leur jargon nous revient l’espoir d’accéder au lieu d’où nous venons. Si les arbres tiennent ici une grande place, c’est parce qu’ils escaladent, de branche en branche, la lumière, afin de parler plus haut à ce qui reste en nous… (lire la suite)
ROBERT MARTEAU Fragments de la France

Au jour le jour, chemin faisant, des écritures furent suscitées à l’improviste par une personne, un animal, une chose ; par une ville, une peinture, un vol d’étourneaux, un merle, une troupe de goélands, un troupeau de bovidés, enfin par toutes sortes de manières et de formes que la vie prend pour se manifester en tel lieu et tel autre.Ces mêmes écritures, une fois amassées, reçurent pour titre: Fragments de la France, non pas que le pays fût brisé, mais parce qu’il n’est là que fragmentairement dit.… (lire la suite)
ROBERT MARTEAU Voyage au verso

Il n’y a nul pas à franchir entre poterie et poèterie-poésie ; aussi le passage de l’une à l’autre se fait-il de plain-pied et sans histoire. Dans la succession du Créateur de l’être et de la matière du monde, créateur en même temps de la forme et de la métamorphose, le potier prend une motte de glaise qu’il monte par mouvement en créant une forme creuse apte à contenir et résonner. Son art est art de musique, et le poète, avec des mots comme matière, en use de même dans son vœu d’atteindre à une forme. L’un et l’autre, dans la mesure de leur innocence, peuvent s’adonner au calcul et à la supputation. Ils regardent, ils écoutent tourner le ciel et, recueillant… (lire la suite)