GABRIEL BERGOUNIOUX Dominos

L’auteur poursuit ici, sous une tout autre forme, l’étrange expérience littéraire entreprise dans Mes Nippes qui tentait de deux manières successives de saisir et de restituer des moments infimes de la gradation des pensées. Dans Domino, autre jeu littéraire (mais très sérieux, comme tout jeu !), une règle est suivie. Chaque phrase, à sa façon, prolonge la précédente. L’enchaînement conduit à un nouveau thème, pas tellement prévisible (même pour l’auteur) en sorte qu’à la fin, ça parle de quelque chose d’autre d’où part la phrase suivante qui le déporte, comme aux dominos quand le chiffre demandé change presque à chaque tour.
Dans la partie… (lire la suite)
GABRIEL BERGOUNIOUX Mes nippes

Voilà un livre étrange qui aurait pu s’appeler « les rêveries du promeneur solitaire », « à la recherche du temps perdu » ou « je me souviens » sans trahir son contenu mais ces titres ont déjà été utilisés.
Mes Nippes : un clin d’œil à la ménippée, une forme personnelle et (auto-)ironique de l’expression. C’est aussi une façon de parler de ces lambeaux de langage qui nous traversent et de la façon dont on s’en pare ou s’en dépouille – à moins que ce ne soit de la façon dont ces bribes de parole ne s’emparent de nous, qu’on le veuille ou pas…
L’auteur se livre ici à une expérience : tenter de deux manières successives, de saisir des moments infimes et de restituer… (lire la suite)
GABRIEL BERGOUNIOUX Doucement

« D’un homme qu’il sert à rien, l’agence te l’expédie sur un puits de mine, au fond, comme une marchandise sans usage. Sauf que le rebut, il se résigne pas. Il conserve l’ambition de se jeter lui-même dans la poubelle. Dépouillé du peu qu’il emporte, il insiste pour prolonger plusieurs douleurs : le suintement de la parole, la poursuite de corps féminins, le mouvement fastidieux des genoux. En descendant au front de taille, l’amour et le travail se présentent à lui, mais très en dessous de ses espérances. Heureusement que ça finit avec un adversaire qui le restitue à son humanité. Alors, est-ce qu’une société de marché peut fabriquer un mythe … (lire la suite)
GABRIEL BERGOUNIOUX Il y a de

« On avait déballé, déployé les lances, préparé les chaloupes, armé les batteries, sorti n’importe quoi dans l’urgence, partout, sur le pont, aussi sec nous retomber dessus : Ce que c’est que ce foutoir que vous vous croyez où ? Le navire impeccable, tout de suite. Ça se relâche. Nettoyer du matin au soir, et aussi la tenue, vérifier le pli du pantalon et la ganse, les manches, les coudes, lève les bras. Inspection sur inspection, à peine sortis d’une qu’ils annoncent la suivante : Garde-à-vous, sur trois rangs, présentez le paquetage, disposez devant vous l’ensemble des effets dans l’ordre conformément à leur disposition apprise durant l’instruction,… (lire la suite)