La question des rapports du monde paysan aux pouvoirs qui structurent la société reste d’une actualité brûlante. Celle de ses rapports à l’argent sous toutes ses formes (prix, revenus, prélèvements…) ne l’est pas moins. L’une et l’autre ne se posaient pas avec moins d’acuité dans les sociétés anciennes. Telles qu’elles ont longtemps été conçues, elles étaient soutenues par deux hypothèses complémentaires : une immobilité absolue au cours des siècles ; un bouleversement radical issu de la Révolution française. Est-ce ainsi que les choses se sont réellement passées ? Ce livre couvre un arc chronologique allant de 1614, dernière réunion des états généraux avant 1789, à la chute de l’Empire en 1815. Il se propose à la fois de revenir sur l’idée de relations immuables entre la paysannerie, les pouvoirs et l’argent, et de montrer que les changements qui furent réalisés étaient bien en germe avant la Révolution même s’ils tardaient à éclore et n’auraient peut-être jamais éclos.
Gérard Béaur, directeur d’ études à l’EHESS et directeur de recherches au CNRS, est un spécialiste de l’histoire des campagnes . Il a reçu la médaille d’or de l’Académie d’agriculture de France pour son importante action en faveur de la recherche historique sur les sociétés rurales.