ANNE SERRE Au secours

« Non, je ne sentais pas exactement de tendresse pour elle. Plutôt une grande curiosité et le désir de m’affronter à elle, de jouer un jeu dangereux. Je sentais qu’elle pouvait faire de moi quelqu’un d’autre, de nouveau, dont je ne soupçonnais même pas les caractéristiques. Elle était capable de me retourner comme un gant, moi pas. Elle, elle ne changerait pas, elle était immuable. C’est agréable d’avoir une mère immuable. C’est comme l’arbre d’un jardin ».
« Peu importe qu’il y ait, dans les événements qui jalonnent l’attente, de l’aberrant, de l’inexplicable : tout nourrit le monologue où se succèdent arguments, interpellations désinvoltes,… (lire la suite)
ANNE SERRE Au secours

«J’ai ouvert cette boîte et tandis que sur le lac noir un bateau avançait vers moi silencieusement, j’y ai trouvé de la poudre d’or. Ce fut là l’une des douces articulations de ma vie après quoi rien ne fut plus exactement pareil. J’ai trouvé d’autres fois des traces de poudre d’or, et ceci me ramène à un souvenir très ancien: petite fille je me promène avec mes parents dans le parc d’un château où des ouvriers dorent à la feuille les pointes et les lances d’un portail. Une feuille s’envole. Je ne saurais affirmer que j’ai tenu cette feuille entre mes doigts où elle s’est délitée, fragile comme une aile de papillon, mais c’est tout comme. C’est ce jour-là… (lire la suite)