Champ Vallon

Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Jean (dir.) | MOTTET

Pour les habitants des bois, chaque espèce d’arbre a sa voix, les rivières du monde ont chacune leur langage. Les glaciers du Grand Nord eux-mêmes retentissent de sons étonnants. La nature nous parle et nous ne l’écoutons plus. Depuis l’invention du paysage, le spectacle visuel a déterminé l’essentiel de notre rapport à l’arbre et à la forêt. Qu’avons-nous oublié ? Doué pour voir, regardeur du monde, l’homme peut-il aussi l’écouter ?

En nous invitant à l’écoute attentive des sons naturels, comme à entendre le silence, les contributions rassemblées dans La forêt sonore nous sortent puissamment du parti pris du « spectacle » pour redonner toute sa place à la part « sylvestre » de l’homme. Car l’expérience de l’écoute compte parmi les joies essentielles de l’être humain ; elle répond au désir d’aller absorber le monde de la forêt, se fondre en son bain de parfums et de sons. La forêt n’est plus alors à « regarder », ou à « représenter » : elle se branche sur du vital.

Pour entendre cette harmonie sonore naturelle, la plupart des auteurs rassemblés dans La Forêt sonore font appel aux œuvres d’art qui ont inventé la beauté de la forêt : la musique bien entendu mais également la littérature, la poésie ou encore le cinéma dont la beauté s’origine aussi dans le son.

Par ailleurs, dans une démarche où le souci écologique voisine avec le plaisir esthétique, géographes et chercheurs en biologie donnent voix à la notion d’environnement et nous disent pourquoi le paysage sonore peut devenir un précieux instrument de diagnostic de la biodiversité.

La forêt sonore -Jean Mottet (dir.) 2017

Après un long parcours, commencé avec La Grande Touffe d’herbes de Dürer (1503), le motif de l’herbe confirme aujourd’hui sa présence dans l’art: figure interne aux écritures (La Fabrique du Pré de Ponge, L’Herbe de Claude Simon), aux peintures (Olivier Debré, Henri Cueco), «matière-émotion» pour certains cinéastes, souvent les plus grands (Malick, Pasolini, Kiarostami). À y regarder de près, l’herbe et ses intensités ne sont plus subordonnées à une représentation paysagère qui ordonne l’espace et le temps.
D’où l’hypothèse à l’origine de cet ouvrage collectif: la recherche de nouveaux fondements à notre relation avec la nature fragilise la représentation au profit de nouvelles expériences esthétiques qui se tournent désormais vers ce que René Char appelait «l’éprouvante simplicité» des motifs élémentaires: le nuage, le rocher, l’arbre, l’herbe… Mais l’herbe n’est pas seulement un motif pour l’art. Il faut la travailler, surveiller sa pousse, la faucher pour alimenter les bestiaux. Dans l’agriculture aussi, la place réservée à la prairie est l’objet de vifs et féconds débats.

Textes de Augustin Berque, Laure Chazelas, Françoise Chenet, Gilles Clément, Michel Collot, Jean Mottet, Claude Murcia, Sylvie Nail, Dominique Louise Pélegrin, Philippe Roger, Guy Tortosa, Jacques Van Waerbeke.

Dès les premières représentations du paysage en peinture, en Flandre comme à Venise, l’arbre occupe une place privilégiée: associé à quelques autres motifs (le rocher, le chemin, le nuage…), il fait le paysage. Et jusqu’à l’aube du xxe siècle, l’arbre reste à l’ordre du jour du travail des peintres. Avec l’art moderne et le regard en mouvement, l’arbre en plein épanouissement cède la place à des fragments, des traces, des reconstructions d’arbre. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Il y a une vingtaine d’années on pouvait encore vivre avec les arbres, l’eau, le vent… Ces mots essentiels évoquent de nos jours la pureté d’un monde qui n’est plus le nôtre. Pourquoi, alors, en ces temps de détresse, avons-nous choisi de garder les yeux sur l’arbre? Comment comprendre l’insistance du meilleur cinéma (Tarkovski, Erice, Kiarostami, Godard, Denis, Recha…) pour le rencontrer? Jamais l’arbre n’a été aussi nécessaire à l’homme, mais jamais l’homme n’a exercé sur lui autant de pression de destruction. Dans quelle mesure le «paysage-catastrophe» des dernières tempêtes a-t-il contribué à modifier notre rapport imaginaire à l’arbre?
Cet ouvrage se propose de faire le point sur les changements subis par l’image de l’arbre au sein de notre culture visuelle. Car nous pensons le futur en images, et pour comprendre ce qui se joue entre l’arbre et nous, les auteurs réunis dans ce livre ont choisi d’interroger le cinéma, la peinture et la photographie. L’image de l’arbre semble indispensable face aux bouleversements de notre monde. Mais quelle sorte d’image ?

Textes de L. Bouvarel, P. Breman, S. Bruneau, D. Chateau, H. Cueco, L. Cortade, J.-P. Denis, J.-M. Desbordes, R. Dumas, M. Famili, G.-C. François, A. Ghestem, A. Kiarostami, P. Prado, P. Ragel, M. Recha, A. Roger, P. Roger, M.A. Roudil, D. Serceau, M. Sicard, G. Tiberghien, M. Villoutreix, S. Zunzunegui.

Lire le sommaire

L’arbre dans le paysage
Le sommaire
Avant-propos
Jean Mottet
Dominique Chateau
Les deux modèles de l’arbre en peinture

Robert Dumas
La peinture de l’arbre à l’épreuve de la politique allemande

Alain Roger
Des essences végétales aux essences idéales

Gilles Tiberghien
L’arbre : croissance et création dans l’art contemporain

Luc Bouvarel
La forêt: une notion de patrimoine et de perception

Peter Breman
Paysage et perception

Axel Ghestem
La végétation ligneuse
révélatrice des vestiges archéologiques

Jean-Michel Desbordes, Marcel Villoutreix
La toponymie de l’arbre en Limousin

Santos Zunzunegui
En accompagnant l’arbre

Guy-Claude François
Pourquoi construire des arbres?

Philippe Roger
La figure de l’arbre dans les films de Jean-Pierre Denis

Ludovic Cortade
Charisma : l’arbre de la non-substance
À propos du film de Kiyoshi Kurosawa

Mojdeh Famili
Le jardin du paradis dans la miniature persane
et l’arbre dans le cinéma de Kiarostami

Daniel Serceau
Jean Renoir et ses arbres

Philippe Ragel
Les rêveries d’un cinéaste solitaire
À propos de Nouvelle Vague de Jean-Luc Godard

Patrick Prado
Paysages avec et sans oiseaux

Monique Sicard
L’arbre dans l’ouragan ou: les images brisées

Abbas Kiarostami
Rencontre

Jean-Pierre Denis
À propos de l’arbre, en quelques images

Henri Cueco
Abattages

Sophie Bruneau, Marc Antoine Roudil
Comment filmer l’arbre?

Les auteurs

Deux événements ont marqué l’histoire du paysage dans les sociétés occidentales : l’invention à la Renaissance, par la littérature et la peinture, de la notion même de paysage et la rapide transformation de l’environnement par la révolution industrielle et urbaine du XXe siècle. Le spectacle de la nature cède alors la place à la multiplication des visions médiatiques qui modifient notre rapport à l’environnement. Quelle est la place du cinéma
dans l’émergence de ces nouveaux paysages imaginaires? Les images filmiques se contentent-elles d’apporter leur contribution esthétique à la réinvention permanente d’une belle nature telle que la peinture et la littérature avaient pu la concevoir ? Ou l’habitude de voir des images induit-elle une redéfinition des usages et des représentations du paysage ?

Textes de A. Berque, M. Brock, D. Chateau, M. Chion, P.Dubois, G.-C. François, A. Gardies, G. Grant, F. de La Bretèque, Y. Lacoste, J.-P. Le Dantec, S. Liandrat-Guigues, P.Molinier, A. Mons, J. Mottet, D. Serceau, P.A.Sitney, O.-R. Veillon.

Lire le sommaire

Les paysages du cinéma
Le sommaire
Avant-propos
Jean Mottet 5

Les paysages du cinéma

Maurice Brock
L’invention du paysage:
le voyage des Rois-Mages
dans la peinture toscane de la Renaissance 11

Philippe Dubois
Le regard vertical ou les transformations du paysage 24

Michel Chion
Promenades d’écoute 45

Augustin berque
Paysage à la chinoise,
paysage à l’européenne 61

Olivier-René Veillon
Le paysage mental du cinémascope:
remarques sur Feux dans la plaine de Ichikawa Kon 70

Suzanne Liandrat-Guigues
Les minutes de sable immémorial 79

Guy-Claude François
Au cinéma, le paysage est un acteur 87

Dominique chateau
Paysage et décor: de la nature à l’effet de nature 92

Paul Adams Sitney
Le paysage au cinéma, les rythmes du monde et la caméra 107

André Gardies
Le paysage comme moment narratif 141

Yves Lacoste
Westerns et géopolitique 154

François de la BretÈque
De Feuillade à Renoir:
fonctionnalité, latinité et effets discursifs
du paysage méditerranéen 164

Daniel Serceau
Le paysage et le deuil:
le destin d’un cyprès 180

Philippe Molinier
Y a-t-il des paysages dans les films d’éric Rohmer? 194

Jean Mottet
Le paysage, les corps, la surface 209

Gary Grant
Paysages intérieurs: les cartes de la conscience
dans Paris, Texas de Sam Shepard et Wim Wenders 223

Alain Mons
Le bruit-silence ou la plongée paysagère 235

Jean-Pierre Le Dantec
Zones: les paysages oubliés 250

Les auteurs 261