JEAN-CLAUDE PINSON Laïus au bord de l’eau

À celui qui chaque jour marche le long d’une paisible rivière (ici l’Erdre nantaise), ne sied guère le ton trop sérieux du poète proférant des oracles. Le discours qu’on se tient à soi-même en marchant est plutôt un « laïus » familier. Et si on se laisse aller à le scander en vers, on tempère d’ironie sa propension à l’envolée lyrique. Sinueux, il se nourrit de tout et de rien: un banal déménagement, quelques mots de Mallarmé qui donnent à méditer, un rituel dépôt de chrysanthèmes, un jour de Toussaint, sur la tombe d’un aïeul.… (lire la suite)
JEAN-CLAUDE PINSON J’habite ici

Ce livre lorgne vers le roman, mêle le reportage et l’élégie pour une autobiographie narquoise.On peut le prendre aussi comme un carnet de route, mais on ne va pas bien loin: on remonte la Loire jusqu’au Liré de Du Bellay, avant de revenir arpenter sous la pluie la ville excentrée où l’on a pris racine (Saint-Nazaire). Cette déambulation parfois se laisse porter en amont par le mascaret de la mémoire: on retrouve alors les saveurs prosaïques d’une enfance banlieusarde et fluviale; on se souvient d’avoir en 68 pris les campagnes nantaises pour un succédané des monts Tsingkang. Ne souhaitant pas engendrer trop de mélancolie, on a renoncé au ton… (lire la suite)
ARTHUR BERNARD Tout est à moi, dit la poussière

Il y a Arthur Bernard, l’auteur, le narrateur qui court toujours derrière les autres noms. Il y a Arthur Ferdinand Bernard ou AFB, apprenti relieur de 18 ans à Montparnasse en 1890, également apprenti assassin puisqu’il ratera son crime et même son châtiment. Condamné à mort, il sera gracié et transporté à la Nouvelle Calédonie. Le dossier sur lui aux Archives s’arrête en 1895. Alors on va lui inventer une suite. Il deviendra là-bas relieur et notamment de L’Odyssée. Il construira aussi des cerfs-volants dont un oiseau géant capable de l’élever dans les airs, au-dessus de l’océan.
Il ne reviendra jamais. Tout appartient à la poussière, cette… (lire la suite)
BENOIT DAMON Retour à Ostende

Les figures souvent grotesques créées par James Ensor s’animent. Elles évoquent la mer du Nord, Ostende la ville balnéaire et ses habitants évanouis, le retour du carnaval ou le célèbre Bal du Rat mort. Libérées des tableaux où leur apparition continue à nous surprendre, elles haussent parfois le ton entre les murs d’une baraque abandonnée, se répondent et s’affrontent. Elles aimeraient régler de vieux comptes. Elles interpellent un visiteur à la nature incertaine. Tout à la fois ancrées dans leur époque et hors du temps, les voix interrogent, avec une ironie d’outre-tombe, la disparition des corps qui un jour les habillèrent. Avoir connu… (lire la suite)