HENRI DROGUET Ventôses

En plein vent, entre deux averses, ou sous un crachin dense et obstiné, Droguet bèche dans la langue les « hectares instables de la mer ». La pluie, chez lui, ne dissout pas les paysages et les figures : elle les épaissit, les décrasse et les drogue ; elle suscite une espèce de sombre voyance, « entre aboi et silence », âpre et rogue comme cette parole qui, jusqu’en sa syntaxe et ses néologismes, mime le nom même du poète : Henri Droguet, droguiste de la morte-eau, marchand halluciné de « mots troués » et de familière parlerie.… (lire la suite)
CLAUDE DOURGUIN Escales

« L’escale, sa respiration mesurée entre deux points du temps : l’arrivée et le départ. J’aime cette patrie brève du voyageur. Car il s’agit bien de vivre, d’habiter ici, d’avoir ses habitudes — ses chambres, ses cafés, ses promenades, ses rues, ses magasins et ses marchés. Chez moi à Manhattan, sur les bords de la Liffey ou dans Spaccanapoli, je sais aussi devoir partir un jour. Escales : des séjours qui ne sont que des passages. Cet ici qui revigore, dispense ses vertus, il faudra l’abandonner. Quitter. Et les liens sont plus forts de se nouer sans arrière-pensée, délestés d’avenir. »
New York, la trépidante, Dublin, la secrète, Naples la bigarrée… (lire la suite)
CLAUDE DOURGUIN Un royaume près de la mer

« Ainsi, témoin d’un parcours toujours recommencé qui me fait, dans la vie, passer des lieux aux toiles, ce livre mêle côtes arpentées, pays marins familiers et peintres amis. Métaphore de l’ailleurs, les sites pour l’évoquer, les toiles pour en figurer l’analogie spirituelle, les uns et les autres, je m’en avise, sont unis dans cette figure fantasmatique. La mer, ses rives, ses images ; des regards, des songes, l’immensité de l’instant et la saveur de l’éternité, la belle figure du voyage. Ici, donc, quelque chose comme l’illusion de “posséder la vérité dans une âme et dans un corps”, toutes les promesses : il n’en faut pas davantage pour … (lire la suite)
CLAUDE DOURGUIN La forêt périlleuse

Une forêt plus vaste qu’une autre dans un pays montagnard au cœur de l’Europe, devenue pour l’imaginaire la Forêt mythique. D’un automne à un printemps, un homme en vit les saisons, éprouve sa suffisante présence, observant, attendant: quelque chose va mûrir en lui, un sens nouveau de la vie, de la mort aussi, sans doute. Cet approfondissement conjoint est tout le motif de la rêverie — éloge du Pays-des-Arbres (Woodland dit-on ailleurs), bref récit d’apprentissage.… (lire la suite)