CORINNE BAYLE Rouges Roses de l’oubli

Rose de Paestum ou Rosa gallica, fleur d’Orient ou d’Occident, toujours la rose a conjuré le deuil.
Dans un jardin de nulle part, une voix s’élève et se souvient. Elle convoque les disparus dont les murmures se sont tus. Des fantômes de proches, mais aussi des figures mythiques : Maria Callas, Emily Brontë, Emily Dickinson, Werther, Frantz de Galais, Heathcliff, et, au premier rang de ces interlocuteurs privilégiés, un poète romantique, Gérard, dont l’œuvre aimée donne accès au monde et soulève le voile ensevelissant les morts.
Entre les fragments, des liens se tissent, en une méditation funèbre où le motif symbolique de la rose, à travers… (lire la suite)
OLIVIER BARBARANT Élégies étranglées

Hommage, oraison, tombeau aussi bien, quand notre modernité a tendance à en effacer douloureusement les traces, les Elégies étranglées tentent peu à peu de circonscrire le cataclysme intérieur que représentent la déchéance et/ou la mort des parents. L’hommage aux disparus est ainsi l’occasion d’un cheminement intérieur : à défaut de les avoir sauvés par la voix – il n’y a que de faux orphées – peut-être pourrait-on les aimer en respectant leurs combats, leurs amours, en poursuivant ce qui faisait battre leur cœur. Peut-être l’écriture, ici la déploration élégiaque, est-elle une manière de faire tenir ensemble les éléments démembrés… (lire la suite)
OLIVIER BARBARANT Je ne suis pas Victor Hugo

Boire à la source, disait Supervielle pour de pareilles évocations de souvenirs. Mais quand on écoute son passé avec suffisamment d’attention, aussi obscure soit sa vie, on y entend la rumeur des temps. On peut parier que les événements personnels puissent révéler les éléments communs d’une génération: on ne fuit donc pas l’Histoire ici en tentant de la retrouver au ras des émois. Il sera question de Colette, du gauchisme à peine frôlé, de Gide et d’Aragon, d’Allende et de la décoration intérieure des années 70, des lapins dans ce qui restait des fermes des aïeux, de l’enterrement de Neruda et du poids des cuillers en fer blanc: «Un homme n’est… (lire la suite)
OLIVIER BARBARANT Essais de voix malgré le vent

« Le vent ne m’est pas celui de l’esprit, dont chacun sait qu’il souffle où il veut – en tout cas pas chez moi. Il représente ici toutes les forces de dislocation s’exerçant sur l’âme, et par voie de conséquence sur le vers : la mort bien sûr (et comme toujours) mais aussi cette fois l’assez aberrant tintamarre de l’époque. J’ai tenté de coller l’oreille à cet étrange coquillage, et le moins qu’on puisse dire est qu’on n’y entend pas la mer. Malgré le vent donc, comme en dépit de l’éparpillement du langage, il arrive qu’ici ou là un murmure résiste, offre… (lire la suite)